Du local au national : les coopérations pour faire vivre la démocratie au quotidien
Journées et rencontres nationales
La première table-ronde des 14e Rencontres des Conseils de développement a mis en lumière l’importance de la coopération entre les instances consultatives à différentes échelles territoriales pour renforcer la démocratie au quotidien.
Christine Azankpo, Co-présidente de la Coordination nationale des conseils de développement, Dominique Vienne, Président du CESER de la Réunion et des CESER de France, et Pierre Goguet, Questeur du Conseil Économique Social et Environnemental, ont exploré des stratégies pour améliorer l’engagement citoyen et mieux articuler les différentes strates de gouvernance.
Sommaire
ToggleAssurer une meilleure prise en compte de la parole des citoyens
Christine Azankpo a souligné l’importance d’écouter et d’intégrer la voix des citoyens dans les décisions politiques, en mettant en évidence les défis des transitions sociétales. Elle a valorisé la diversité des formes que peut prendre la démocratie participative, tout en reconnaissant le rôle crucial des structures permanentes comme les conseils de développement, les CESER et le CESE.
Trouver sa place dans une société complexe
Pierre Goguet a abordé la complexité de la société actuelle, soulignant la nécessité d’adapter les politiques nationales aux spécificités locales. « Nous sommes dans une société complexe, incertaine, avec de vrais problèmes de visibilité liée aux transitions, liées aux problèmes géopolitiques, la rareté de certaines matières » a-t-il expliqué, insistant sur la nécessité d’une cohérence dans la mise en œuvre des transitions et avertissant contre le risque de jacobinisme. Pour Pierre Goguet, la démocratie doit être perçue comme un effort continu, dans lequel la participation citoyenne et l’expertise d’usage ont toute leur place. Le CESE a un rôle à jouer dans la création de liens avec les territoires. Les retours d’expériences et les expérimentations sont essentiels pour alimenter les réflexions
Efficience, transparence de l’action et redevabilité : pour une approche pragmatique
Dominique Vienne a présenté 5 principes pour une action efficace et transparente, soulignant la représentativité, la proximité, la subsidiarité, l’interconnaissance et la redevabilité. Ces principes visent à assurer que les instances consultatives restent en phase avec les besoins des citoyens et contribuent de manière constructive à la démocratie.
Pour Dominique Vienne, les instances consultatives sont à leur juste place, légitimes pour ouvrir la voie, éclairer et contribuer, mais en aucun cas pour donner des directives. Elles portent des intérêts catégoriels qui sont résumés en intérêt collectif et ensuite transmis aux exécutifs pour les transformer en intérêt général. Il faut aussi garder cette distance.
Face au citoyen, qui apparait de plus en plus individualiste, avec une vision centrée sur l’immédiat, il semble important de travailler sur l’éducation de la place du citoyen actif et conscient dans la démocratie. C’est aussi un enjeu pour les instances consultatives.
Encourager la participation des citoyens, en particulier des jeunes
Pour encourager la participation, il est crucial d’intéresser, en abordant des sujets déterminés en fonction des publics ciblés. Le CESE, qui compte parmi ses membres des associations de jeunesse très actives, reconnaît l’importance d’écouter et de transformer les retours en propositions concrètes. Cependant, il y a un défi majeur : beaucoup de jeunes (85 % entre 18 et 24 ans) ne votent pas aux élections locales, non par désintérêt, mais parce qu’ils veulent influencer réellement les décisions. Le CESE utilise diverses méthodes pour encourager la participation, comme tirage au sort pour des initiatives telles que la convention citoyenne.
Attention à ne pas surpromettre dans la démocratie participative. Dans le cadre de la convention citoyenne sur le climat, seulement 10 % des propositions ont été retenues, ce qui a généré de la déception.
Donner de la visibilité aux travaux et capitaliser sur les expériences
Dès le début, il est crucial de réfléchir à la manière de promouvoir les avis, en adaptant la rédaction, la densité et le nombre de mots en fonction de la cible. Cette intégration précoce de la communication et des moyens de communication est essentielle.
L’interconnexion et de la collaboration entre les conseils de développement peut permettre de gagner en proximité, partager les expertises et gagner du temps. La Coordination nationale des Conseils de développement a créé un observatoire territorial citoyen pour faciliter le partage de connaissance entre conseils de développement et garder en mémoire les travaux des instances.
L’effort pour être entendu est plus efficace lorsqu’il est articulé à travers les différents échelons territoriaux. Le croisement de regard entre instances permet d’établir des grilles de lecture croisées. C’est dans la transversalité que réside l’enrichissement.
En conclusion, cette table-ronde a mis en évidence la nécessité d’une coopération étroite entre les instances à différentes échelles territoriales pour dynamiser la démocratie. Que ce soit par l’écoute active de la population, l’adaptation aux spécificités locales, ou la mise en place de principes d’efficacité et de transparence, les instances consultatives jouent un rôle pivot dans la revitalisation de la participation citoyenne. Il est impératif de continuer à encourager la participation, surtout des jeunes, et de garantir que les expériences et les connaissances soient partagées et valorisées. C’est dans cette transversalité et cette interconnexion que la démocratie trouve son plein épanouissement, se renforçant au quotidien par la contribution active et éclairée de tous ses acteurs.