Pour une démocratie continue : les 5 pistes proposées par Dominique Potier
Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, agriculteur, homme de conviction, partage 5 pistes pour combattre les menaces qui pèsent sur nos démocraties aujourd’hui.
Découvrez ci-dessous une synthèse de son intervention lors des 14e Rencontres des conseils de développement
Dans un contexte d’alerte absolue marquée par les menaces qui pèsent sur la biodiversité, le dérèglement climatique, la combinaison des crises sanitaires et environnementales, nous ne pouvons être ignorants de l’autre crise qui traverse nos sociétés. La crise de la démocratie se traduit par la désaffiliation politique, l’abstention, la montée des extrêmes et une forme de désespoir démocratique, qui ne peut que nous inquiéter.
Dominique Potier propose 5 cailloux – les 5 pierres de David dans son combat contre Goliath, comme autant de pistes à explorer pour faire grandir notre démocratie.
Accompagner le passage de l’individu au citoyen
Comme le rappelle Cynthia Fleury, l’individu devient sujet et le sujet devient citoyen par son esprit critique, consolidant l’Etat de droit par son engagement. Si l’État de droit produit les conditions d’émergence d’un individu, il ne perdure qu’à la condition d’un réinventé et revitalisé par les différents individus qui le composent. Le processus d’individuation se construit par la famille et l’école de la République. L’éducation populaire en tant que lieu d’expérimentation d’un effort collectif, joue un rôle essentiel en procurant la joie ineffable de l’engagement.
Consolider la puissance publique pour réformer nos institutions
Pour Dominique Potier, nous avons besoin d’une réaffirmation de l’autorité publique et de la puissance publique par rapport aux puissances du privé et du marchand. La démocratie repose sur deux piliers :
Cultiver une conscience et une science commune
Grâce à la science, nous avons développé une métrique des transitions environnementales et sociales, ce qui permet d’avoir une vision claire de ce que nous avons à faire pour que notre humanité survive et pour assurer la dignité de chaque personne humaine. Cette science doit être la matière première que doivent travailler en permanence les conseils de développement, en déclinant territorialement, par filières, les modalités de mise en œuvre de cette transition éclairée. Tout citoyen, dès lors qu’on le dote d’un minimum d’instrument critique et pédagogique, doit être en capacité de poser un problème scientifique, de s’approprier et de contribuer à sa résolution. C’est ce que fait l’INRAE sur des questions d’épidémiologie sur des questions de transition climatique, avec notamment des personnes qui sortent de prison ou des jeunes issus des quartiers populaires. Tout un chacun, peut devenir un chercheur, un contributeur de cette démarche scientifique et démocratique qui nous fera sortir des ténèbres où nous pourrions plonger aujourd’hui.
Réinvestir le langage et les imaginaires
Pour Dominique Potier, la gauche et plus largement la République ont négligé la question du langage, qui s’est très largement privatisée. Aujourd’hui, 31 milliards de publicités sous des formes diverses, contribuent à une forme de servitude marchande. Nous devons réinvestir la question du langage, nous devons réinvestir les espaces, les normes et les codes qui fabriquent nos imaginaires et qui nous amènent dans des impasses. Le langage est un des combats essentiels de la démocratie. C’est un enjeu qui dépasse l’écologie et qui doit être un des horizons politiques que nous devons poursuivre.
Pour un renouveau législatif de la place des conseils de développement
La loi reste hésitante sur la place de la démocratie associative et participative dans le récit politique et démocratique de notre pays. La mise en scène de grands événements a été privilégie ces dernières années, à l’image des conventions citoyennes ou du Conseil de la refondation qui renvoient à l’autorité verticale du Président de la République et au risque d’instrumentalisation in fine sur les débats. Ces grands évènements ne peuvent remplacer ce que nous pourrions appeler une forme de continuum démocratique enraciné dans tous les territoires et qui permettrait à des citoyens éclairés, engagés de prendre leur part au débat public.
Dominique Potier plaide ainsi pour un renouveau législatif de la place des conseils de développement, sur leurs modalités pratiques et leur inscription dans le périmètre des collectivités, comme sur leur articulation avec les Conseils économiques, sociaux et environnementaux. Cet exercice suppose un travail législatif qui pourrait être nourri par une mission parlementaire, pour enraciner institutionnellement la place de cette démocratie dans notre paysage politique. Il en va de la fabrique des éclaireurs dont nous aurons besoin demain pour traverser les crises actuelles.
Pour aller plus loin
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