Retour sur notre atelier collaboratif pour explorer les motivations des membres des conseils de développement

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Le 10 mars 2022, 39 membres bénévoles et technicien∙nes de conseil de développement ont pris part à un atelier collaboratif pour explorer les motivations des membres des conseils de développement.

Animé par notre équipe permanente, l’atelier a été organisé en s’inspirant de la méthode des triades appréciatives. Les échanges, particulièrement riches en enseignement, sont retranscrits dans un cahier d’inspiration. Les participants ont apprécié le format d’échanges en petit groupes, qui a permis des discussions entre membres et technicien∙nes de conseils de développement de territoires très différents, mais dont les problématiques sont souvent proches.

Téléchargez la synthèse de l’atelier

13 trinômes constitués de manière aléatoire

Les participants, répartis de manière aléatoire en 13 salles de 3 personnes, ont échangé pendant près d’une heure. Un support a été proposé pour guider les échanges.

Dans chaque groupe, 3 interviews de 10 minutes ont permis aux participants d’endosser 3 différents rôles : journaliste, chroniqueur et interviewé. A l’issue de ces interviews, les participants ont été invités à partager leur ressenti, identifier 1 à 3 ingrédients de réussite puis les déposer sur un mur collaboratif – un padlet.

Les participants se sont ensuite retrouvés en plénière pour partager leurs expériences et prolonger les échanges.

Les récits des membres

Nous vous proposons ci-dessous de découvrir quelques chroniques de membres de Conseils de développement. Ces récits personnels abordent les raisons de l’engagement des bénévoles, leurs sources de satisfaction mais aussi de frustration. Ils ont été anonymisés : les prénoms ont été volontairement modifiés.

Pierre* est à la retraite, il a découvert le Conseil de développement par hasard, lors d’une randonnée. Pour Pierre, participer au Conseil de développement est l’occasion d’être utile pour la communauté et de contribuer à la démocratie participative, en s’appuyant sur ses savoirs faire. Il apprécie pouvoir rencontrer d’autres personnes, écouter, découvrir et comprendre le fonctionnement de la communauté d’agglomération, mais aussi construire avec les membres du conseil de développement et transmettre. Le lien avec les élus lui semble indispensable pour échanger sur les attentes respectives.

Elise* a rejoint le Conseil de développement avec la volonté de s’impliquer dans une cause bénévole et de participer à l’amélioration du territoire. Elle apprécie se sentir utile pour le territoire, la variété de points de vue qui s’expriment au sein du Conseil et salue la mise en place d’une plateforme participative en ligne et l’organisation de réunion par visioconférence, ce qui lui permet de participer davantage. Elle regrette l’éloignement des élus et le manque de retour sur les propositions exprimées.

Paul a rejoint le Conseil de développement pour contribuer à faire évoluer les choses, c’est-à-dire :

  • contribuer au développement de l’agglomération, à la modernisation de la démocratie locale
  • rencontrer des personnes qui partagent des valeurs semblables
  • s’informer sur les questions, les préoccupations qu’il rencontre en tant qu’habitant
  • utiliser une partie de son temps libre de manière constructive pour apporter des solutions, des idées qui pourront être reprises par les élus dans le cadre de leur mandat

Il apprécie le fait d’être acteur de quelque chose, la richesse des rencontres. Il souhaiterait que les élus montrent davantage d’intérêt pour les propositions exprimées par le Conseil de développement et qu’ils se les approprient pour les transformer en réalisation.

Bénédicte a rejoint le Conseil de développement il y a 6 mois, suite à sa participation à un débat citoyen, avec l’objectif de développer son réseau et mieux connaitre le fonctionnement de la métropole. Elle apprécie pouvoir alterner présentiel et distanciel, recevoir des informations et sur la ville et la métropole. Elle regrette le manque de retour des élus sur les propositions exprimées par le Conseil de développement et souhaiterait que les travaux soient davantage diffusés dans la presse locale régionale.

Emilie anime un Conseil de développement d’un pôle d’équilibre territorial et rural et a été auparavant bénévole pendant 2 ans. Elle apprécie les débats, la discussion et les échanges au sein du Conseil de développement. Les concertations autour du SCoT – schéma de cohérence territoriale – l’ont amené à s’intéresser au territoire et à ses problématiques. Pour Emilie, il faut à la fois des débats cadrés mais aussi du dialogue libre au sein du Conseil de développement. Elle regrette le manque d’écoute des élus.

Emmanuel est membre du Conseil de développement depuis 2006. Pré-retraité, il s’est engagé dans plusieurs associations pour rester actif et a rejoint le Conseil de développement pour mieux connaitre la région dans laquelle il venait d’arriver. Il apprécie les échanges avec les membres et souhaiterait que les élus répondent aux saisines du Conseil de développement et que le travail du Conseil de développement soit davantage médiatisé dans la presse régionale.

Ancien maire et conseiller communautaire, Nicolas a rejoint le Conseil de développement pour prendre part au débat, partager des connaissances et des compétences, rencontrer des personnes mais aussi contribuer à redonner du souffle à la démocratie par la parole citoyenne dans un contexte où elle est délaissée voire remise en cause. Il apprécie la convivialité au sein du Conseil de développement, le respect des autres. Il regrette le temps de réponse politique qu’il considère trop long et une déperdition des membres au cours du mandat.

Sophie a été invitée à rejoindre le Conseil de développement en 2021, pour faire suite à son engagement dans une liste électorale en tant que citoyenne engagée. Avec d’autres membres du Conseil de développement, elle a monté un groupe sur la participation citoyenne. Pour favoriser la participation de tous, ils ont décidé de s’appliquer les règles qui leur semblent nécessaires, notamment être informés (accès à toutes les informations) et être acteurs des projets à tous les degrés (de la consultation à la co-construction. Sophie regrette le manque de moyen humain pour animer le conseil de développement.

Fabienne, présidente d’une association regroupant 400 membres, a rejoint le Conseil de développement pour mieux connaitre le pays et contribuer à des idées de développement. Elle est engagée dans le Conseil depuis 4 ans. Elle regrette le manque de retour des élus, le sentiment d’avoir travaillé sur des dossiers et de ne pas savoir quels en sont leurs aboutissements. Pour faciliter son engagement, elle souhaiterait que les frais de déplacement soient pris en charge, le territoire étant très étendu.

Les ingrédients facteurs de motivation

Chaque trinôme a identifié des facteurs de motivation des membres des conseils de développement, qui ont été ensuite partagé sur un mur collaboratif (padlet). L’équipe permanente de la CNCD a regroupé les différentes contributions par catégorie, que nous listons ci-dessous :

Contribuer à l’intérêt général

  • Participer à la construction des politiques publiques
  • Avoir le sentiment d’une utilité sociale
  • Transformer les motivations personnelles en intérêt collectif

Définir un cadre de coopération avec les élus et services

  • Travailler en lien avec les élus et services, avec des échanges réguliers
  • Engagement de la part des élus à assurer une reddition des comptes (faire un retour sur les propositions formulées par le Conseil de développement, expliquer pourquoi elles sont retenues ou non)
  • Passer de l’avis à la co-construction, pour que le Conseil de développement puisse intervenir le plus en amont possible de la politique publique.

Être reconnu et entendu

  • Avoir un retour sur le travail produit par le conseil de développement de la part des élus et des services
  • Mentionner les propositions et travaux du conseil de développement qui sont reprises dans les politiques publiques
  • Diffuser les travaux du conseil de développement dans la presse quotidienne régionale
  • Se faire connaitre auprès de la population
  • Valoriser la fonction de membre de Conseil de développement, trouver une forme de reconnaissance et de valorisation de l’implication bénévole à titre individuel

Développer un espace de convivialité et de rencontres

  • Être un lieu de socialisation, de convivialité et de rencontres
  • Nourrir l’envie de se retrouver, partager, avancer ensemble dans un climat chaleureux et convivial
  • Retirer de la joie et du plaisir de l’implication bénévole

Cultiver la bienveillance et le respect dans les débats

  • Respecter la parole de chacune et chacun et les principes d’égalité, équité et parité
  • Apprendre à argumenter, trouver sa place dans les débats et construire son opinion

Animer un travail collectif et développer une culture partagée

  • Partager des connaissances, des compétences, développer l’interconnaissance
  • S’appuyer sur des outils d’intelligence collective et d’animation participative
  • Proposer une diversité d’outils pour s’adapter aux membres : plateforme numérique, groupe de travail en présentiel,..
  • Proposer différents moyens de s’impliquer : animer une réunion, contribuer à distance, s’occuper de la communication,…
  • Faciliter l’accès aux documents avec des outils adaptés aux membres en évitant le tout numérique

Aboutir à des actions concrètes

  • Passer de la réflexion-échange à l’action
  • Aboutir à des actions concrètes, à des projets

Cultiver un espace de liberté, source de créativité

  • Laisser les membres définir le cadre de leur engagement
  • Avoir une parole extérieure libre, pouvoir penser différemment, à plus long terme, hors des cadres usuels
  • Pouvoir innover, être créatif au-delà des usages et des contraintes administratives

Les points de vigilance

Au cours de la restitution, plusieurs participants ont exprimé des points de vigilance, que nous retranscrivons ci-dessous :

– Rendre accessible le territoire en facilitant l’accès aux informations pour les nouveaux membres. La circulation d’information facilite le travail du conseil de développement.

– Donner les moyens aux membres pour travailler de manière agréable et dans la convivialité. Des moyens humains et financiers pérennes sont essentiels pour accompagner les travaux du conseil de développement.

– Organiser un droit de suite pour que les élus répondent aux travaux du conseil de développement, avec le soutien des agents en charge de l’analyse des propositions. Sans retour sur les propositions formulées, les membres se démobilisent rapidement.

– Trouver un équilibre dans le temps à consacrer au conseil de développement, le manque de temps étant un des facteurs de démobilisation.

 

 

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