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Fin 2021, le Conseil de développement du Pays d’Ancenis a réalisé une enquête sur la place des femmes au sein des municipalités sur le territoire. L’enquête a été mené par le groupe « place des femmes dans la vie locale » du Conseil de développement.

Si la loi prévoit une obligation de parité pour les listes de candidat∙es dans les communes de plus de 1000 habitant∙es, certain∙es pointent des difficultés à « recruter » des femmes. C’est pourquoi le Conseil de développement a souhaité interroger directement les élu∙es sur leurs motivations et leurs éventuelles réticences vécues ou ressenties à s’impliquer activement dans un mandat électif, en adressant un questionnaire aux 449 élu∙es du territoire des 20 communes entre juin et novembre 2021.

Un déséquilibre dans la répartition des délégations

Près d’un tiers des élu∙es a répondu au questionnaire, ce qui montre un intérêt pour le sujet. Avec 215 femmes élues et 234 hommes élus, la parité semble pratiquement atteinte.Le Conseil de développement note que 82 femmes sont membres de l’exécutif, mais seulement deux femmes sont maires et seules 10 occupent la fonction de 1ère adjointe. Une seule commune de moins de 1000 habitants, non soumise à l’obligation de parité, ne comprend aucune femme parmi les 5 membres de son exécutif.

Le Conseil de développement constate un fort déséquilibre dans la répartition des délégations. Sur les 106 délégation recensées, 3 domaines sont particulièrement confiés aux femmes :

  • Social
  • Affaires scolaires
  • Enfance-jeunesse

10 femmes sont en charge de la vie locale et de la citoyenneté, 6 de l’aménagement-urbanisme, 4 du sport. D’après les réponses apportées au questionnaire, le Conseil de développement considère que le poids du genre n’a pas pesé dans cette répartition, même s’il reste encore des préjugés voire des inhibitions.

Des hésitations à s’engager, des difficultés rencontrées au cours du mandat

D’après l’enquête, les femmes hésitent plus que les hommes à s’engager dans un mandat politique. En effet, 85 % d’entre elles ont hésité à s’engager contre 65 % chez les hommes. Les questionnements portent principalement sur la confiance en soi et en ses compétences, la capacité d’action ou le temps disponible pour se consacrer à ce mandat.

43 % des femmes contre 35 % des hommes qui ont répondu au questionnaire ont souligné l’apparition de difficultés au cours du mandat : difficulté à gérer les priorités entre métier, famille et vie personnelle, difficulté de la tâche à accomplir (les femmes sont deux fois plus nombreuses à citer ce point), difficulté de trouver leur place dans leurs fonctions, mais aussi les difficultés rencontrées dans les relations avec la majorité municipale (il semble que l’inverse soit moins perturbant), voire des problématiques de cohésion d’équipes.

Pour beaucoup, les solutions peinent à être mises en place. Parmi les solutions, on note principalement tout ce qui tourne autour de la communication, de l’échange, de la bienveillance, de l’esprit d’équipe, de l’organisation du temps et du partage des tâches, ainsi que la mise en place de formations et de tutorats. Une commune a organisé un système de garde d’enfants pour les membres du conseil lors de réunions en soirée.

Le genre joue-t-il dans la fonction élective ?

Pour 64% des répondant∙es, le genre ne joue pas dans la fonction élective. Certains évoquent un héritage quelque peu misogyne qui conduit les femmes à devoir faire leurs preuves et et à davantage peiner à s’imposer.

Les réponses se polarisent d’une part entre le besoin de faire évoluer le droit et les modes d’organisation et d’autre part sur des aspects relevant des mentalités et des comportements. Pour certains, « la parité n’est pas une solution […] Nous devons passer au-dessus du genre pour définir les qualités ou les compétences d’une personne pour exercer un mandat, car il est bien question de la capacité de chacun à remplir son rôle et non du fait d’être un homme ou une femme ».

En conclusion

Le Conseil de développement note la permanence d’un handicap lié aux mentalités et un relatif effacement des femmes dans la vie publique au cours des siècles passés. Les hommes doivent accepter de « faire une place » aux femmes. Les fonctions au sein des municipalités demeurent assez largement genrées, mais il n’en demeure pas moins que des évolutions marquantes sont observables. La misogynie n’est certainement pas absente des conseils municipaux, mais elle ne ressort pas comme un fait majeur et nombre d’élus hommes la combattent. Le résultat au questionnaire dénote une sensibilisation des élu∙es du pays d’Ancenis à la question des femmes. Le sujet n’est plus tabou.