Une page se tourne pour le Conseil de développement de Nantes métropole
1996 – 2021 : le Conseil de développement de Nantes métropole a tenu sa dernière séance le 21 novembre dernier à la Cité des Congrès de Nantes. Pionnier dans les grandes agglomérations, le Conseil de développement de Nantes métropole – présidé par Jean-Joseph Régent puis Philippe Audic, occupait une place particulière, celle d’une Université prospective des citoyens.
Pacte de citoyenneté métropolitaine et refondation du Conseil de développement
En application des dispositions introduites par la loi Engagement & Proximité, la métropole nantaise a adopté un pacte de citoyenneté métropolitaine définissant les grands principes du dialogue citoyen. Ce pacte comprend un volet « refondation du Conseil de développement », qui prévoit notamment la mise en place d’un collectif chargé de définir de nouvelles missions pour le Conseil de développement, dont un droit d’interpellation.
Un positionnement affirmé : l’université prospective des citoyens
Depuis son installation, le Conseil de développement de Nantes métropole s’est affirmé en tant qu’acteur du débat public local. En partenariat avec d’autres acteurs dont Revue Place Publique, il a organisé des conférences, débats ou colloques pour mettre au débat public les grands sujets du territoire.
La publication 10 ans de Questions publiques présente les débats et rencontres organisés depuis mars 2010.
Philippe Audic et Gabriel Vitré ont animé pendant plusieurs années l’émission radio du Conseil de développement : Fréquence citoyenne. Chaque mois, le président et le Secrétaire général du Conseil de développement ont dialogué avec un invité local ou national, connu ou moins connu pour éclairer un enjeu contemporain. Parmi les invités reçus : Marc Bouchery autour de son ouvrage Notre-Dame-des-Landes, autopsie d’un déni démocratique, Sylvain Grisot, Urbaniste, enseignant à l’Université de Nantes pour échanger sur l’urbanisme circulaire, « les grandes épidémies, ce qu’elles disent de la société » avec l’historien Alain Groix.
Une contribution aux réflexions nationales sur le rôle des conseils de développement
Jean-Joseph Régent, premier président du Conseil de développement de Nantes métropole a fondé la Coordination nationale des Conseils de développement avec Jacques Moulinier, premier président du Conseil de développement de la métropole de Lyon.
Dans son discours introductif des deuxièmes Rencontres Nationales des Conseils de développement le 2 octobre 2002, Jean-Joseph Regent relevait des problématiques, qui continuent d’alimenter nos réflexions :
« Les conseils de développement ne doivent pas être des contre-pouvoirs mais plutôt des éléments d’articulation des attentes de la société civile avec les contraintes des décideurs désignés par le suffrage universel. La nature de ces conseils de développement les conduit donc à poser à la démocratie des questions de fond :
- la discussion permanente de tous est-elle la nouvelle condition de la démocratie ? Quels sont les avantages et aussi les limites de la délibération générale et continue des citoyens ?
- Cette délibération crée-t-elle une situation dans laquelle la manière dont on prend la décision devient plus importante que la décision elle-même ? Une nouvelle culture de la décision publique va-t-elle voir le jour ?
- Les échelles des territoires de la démocratie sont-elles les bonnes ? Toute la vie de la démocratie représentative s’organise autour de la commune, du département et de l’État alors que la décision relève de plus en plus de l’intercommunalité, de la région et de l’Europe. La perception des territoires par la société civile est-elle plus rapide que celle de ses élus ?
- Le niveau d’information et de formation des citoyens les rend aptes à traiter des grands problèmes de société, et pas seulement du court terme. Leur débat libre ne constitue-t-il pas un outil sous-utilisé de prospective territoriale ?
- La culture du conflit souvent présentée comme positive ne correspond-elle pas à un schéma ancien, producteur de blocages ? Les conseils de développement ne sont-ils pas en train d’inventer une autre culture du dialogue ? Le consensus – au sens du projet commun n’est pas nécessairement l’homogénéité artificielle mais au contraire la diversité assumée et productrice de solidarité ? »
En 2009, Philippe Audic a succédé à Jean-Joseph Régent, suite à sa disparition. Lorsque la Coordination nationale des Conseils de développement s’est structurée en association, il s’est impliqué au sein du Conseil d’Administration pour alimenter les échanges d’expériences et les réflexions au niveau national. Ses prises de position ont largement inspiré notre réseau. En 2014, Philippe Audic a ainsi invité à réinterroger le concept de participation pour le dépasser, dans un billet de blog publié sur Mediapart. Plus récemment, dans une tribune publiée dans Le Monde du 9 février dernier, il a appelé à sortir du flou participatif en clarifiant le droit.
Durant 25 ans, Gabriel Vitré a accompagné le travail des membres bénévoles, en tant que secrétaire général. Avec Brigitte Simon, ils ont également participé à la structuration de notre réseau et ont organisé 2 Rencontres Nationales. Parmi les interventions de Gabriel Vitré, nous retenons la communication co-rédigée avec Sandrine Castel-Biderre – Coordinatrice du Conseil de développement de Loire Angers : « des conseils de développement au cœur de l’intercommunalité » en 2017 et le regard rétrospectif et prospectif sur 20 ans de Conseil de développement lors des 12e Rencontres nationales des Conseils de développement à Sète en 2018.
Nous souhaitons remercier tout particulièrement le président Philippe Audic et l’équipe d’appui du Conseil de développement – Gabriel Vitré et Brigitte Simon et rendre hommage à Jean-Joseph Régent, disparu en 2009. L’ensemble des conseils de développement suivra avec attention la réinstallation du Conseil de développement de Nantes métropole, prévue à l’été 2022.
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