Les Conseils de développement mobilisés pour répondre à la sollicitation du Conseil National de l’Alimentation

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Par un courrier en date du 13 janvier 2022, Guillaume GAROT, Président du Conseil National de l’Alimentation a sollicité les conseils de développement pour organiser des débats territoriaux entre janvier et mars 2022 dans le cadre des travaux de l’instance sur la prévention et la lutte contre la précarité alimentaire.

Le 27 janvier, nous avons organisé un webinaire avec l’équipe permanente du Conseil National de l’Alimentation pour présenter le dispositif participatif et répondre aux questions des conseils de développement.

Une démarche participative sur la prévention et la lutte contre la précarité alimentaire

Instance consultative indépendante, placée auprès des ministres chargés de l’agriculture, de la consommation, de la santé et de l’environnement, le CNA produit des avis visant à éclairer les décideurs publics et privés. Il s’est récemment ouvert à la participation citoyenne, en bénéficiant d’un appui méthodologique de la Commission Nationale du Débat Public.

Découvrez les analyses et recommandations du Comité d’Action pour la Participation

Constatant une hausse des inégalités dans l’accès à l’alimentation, les membres du Conseil National de l’Alimentation ont souhaité recueillir les expressions, diagnostics et propositions de citoyennes et citoyens autour de la problématique « Que faut-il faire pour que chaque personne ait un accès digne à une alimentation suffisante et de qualité ? » pour éclairer leurs recommandations. Le CNA a sollicité les conseils de développement en raison de leur fort ancrage territorial, mais aussi par la diversité des acteurs qu’ils rassemblent, leurs méthodes participatives et leur agilité.

De nombreux débats organisés dans toute la France par les Conseils de développement

Sur une période très courte, plusieurs conseils de développement se sont mobilisés pour organiser des débats dans leur territoire. Les échanges ont permis de faire émerger des propositions originales et inspirantes et de décaler les regards vers d’autres problématiques.

Dans plusieurs territoires, le travail est amené à se poursuivre pour identifier des pistes d’action et les mettre en œuvre à l’échelle locale. Les comptes-rendus de ces débats ont été transmis au Conseil National de l’Alimentation pour alimenter les réflexions de ses membres.

Nous vous proposons un tour d’horizon pour découvrir les débats organisés par les conseils de développement (pour dérouler les paragraphes, cliquez sur le + à droite) :

Le 16 mars, le Conseil de développement de la Métropole Européenne de Lille a organisé une soirée débat qui a réuni une soixantaine de participants : membres du Conseil de développement, personnes ressources et personnes en situation de précarité. Plusieurs thématiques ont été abordées, parmi lesquelles

  • les jardins partagés, la lutte contre la pauvreté, le lien à l’alimentation
  • l’accès physique à une offre de proximité abordable
  • la situation des personnes sans domicile fixe
  • la précarité alimentaire des étudiants
  • la prévention, pour éviter une précarité dite structurelle
  • la diversification alimentaire

Le Conseil de développement du Pays d’Arles a organisé un débat le 10 mars 2022 ouvert à tous sur deux lieux : Arles et Châteaurenard. Lors de ces débats, les participants ont proposé de nombreuses solutions, parmi lesquelles :

  • Mettre en réseau les initiatives
  • Créer un tiers lieu nourricier nomade : proposer des rencontres autour d’actions collectives et concrètes (jardin, atelier culinaire, repas partagés, etc.).
  • Soutenir les producteurs, particulièrement lors de l’installation en garantissant des débouchés vers l’approvisionnement des dispositifs d’aide alimentaire.
  • Agir sur l’image des structures et des publics : mettre en place une véritable démocratie alimentaire au sein des structures. Communiquer davantage sur les différents types de publics pour changer l’image et encourager les solidarités
  • Organiser une gestion démocratique et fluide de l’aide alimentaire en organisant des audits et diagnostics à l’échelle permanente pour mettre à jour fonctionnements (et dysfonctionnements) réels, jeux d’acteurs, circuit de distribution, volumes…
  • Faire perdurer les mobilisations des temps de crise

Le Conseil de développement de Sète agglopôle Méditerranée a organisé un débat le 3 mars réunissant une quarantaine de participants. De nombreuses idées ont émergé autour de l’idée d’un accès digne et d’une alimentation de qualité. Quelques propositions exprimées  :

  • Mettre en place un programme d’éducation alimentaire porté par les acteurs partenaires (CPIE, Plan Alimentaire Territorial) accessible dès le plus jeune âge
  • Organiser des chantiers participatifs autour de la culture, récolte et l’entretien (insertion par le maraîchage)
  • Impliquer la restauration traditionnelle dans la ré-utilisation des denrées invendues pour une revalorisation vers les plus précaires
  • Faire entrer les plus démunis dans les écoles et les EPHAD pour échanger des services (cuisine, histoire, écriture, lecture, jeux, animations)
  • Créer une Cuisine à Partager (comme une laverie) autour de professionnels, de passionnés, de recettes et avec des relais
  • Élargir les « Paniers de Thau » vers des « Paniers suspendus solidaires »

Le 24 février, le Conseil de développement a organisé un débat réunissant une dizaine de personnes – membres du conseils de développement et partenaires. Les échanges se focalisés sur l’éducation au bien manger et questions agricoles. Parmi les propositions exprimées :

  • inciter à consommer des produits non conformes au standard des circuits de distribution : vente à un prix inférieur, organisation de cueillettes en plein champ
  • apprendre à cuisiner avec des produits de qualité et souvent de proximité, à coût très raisonnable, évitant le recours au prêt à consommer souvent plus onéreux.
  • développer des repas solidaires : un repas complet (entrée-plat-dessert) pour 3 euros. Les participants peuvent ainsi partager un bon moment et découvrir qu’il peut être simple de confectionner un repas qualitatif
  • former les personnels des cantines scolaires afin qu’ils puissent cuisiner un repas à partir de produits locaux pour un prix de repas accessible au plus grand nombre de familles

Le Conseil de développement durable du Grand Nancy a organisé 2 ateliers en présentiel et à distance les 3 et 28 février 2022. 40 conseillers ont pris part à ces réunions. Les propositions ont été construites autour de 3 axes :

  • améliorer l’aide alimentaire (approvisionnement, distribution, choix des aliments…) pour mieux répondre à la demande en adéquation avec le besoin des personnes
  • développer les initiatives complémentaires à l’aide alimentaire : jardin partagé, développement des achats en commun
  • faciliter la participation des personnes concernées : rendre la politique de lutte contre la précarité alimentaire participative et inclusive en co-construction avec les personnes concernées

Le Conseil de développement appelle à mieux coordonner les acteurs pour mutualiser les actions, faciliter la constitution des dossiers avec des termes simples et accompagner les demandeurs en proposant un guichet unique, mais aussi créer de la complémentarité et des synergies : en recensant les initiatives complémentaires à l’aide alimentaire sur le territoire.

Téléchargez la contribution

Le Conseil de développement a interrogé les associations locales puis synthétisé les réponses et propositions, parmi lesquelles :

  • Mettre en place un service de une consultant en nutrition itinérant
  • développer un soutien aux producteurs locaux (bio mais pas que)
  • promouvoir les jardins partagés
  • développer l’offre de « paniers solidaires » par les producteurs locaux
  • offrir des ateliers de formation à une alimentation de qualité (choix des aliments et leur préparation ; « ateliers cuisine de rue »)
  • inclure dans les programmes scolaires un enseignement au mieux vivre (devenir un vrai citoyen) en commençant par l’alimentation.
  • Développer, promouvoir le tourisme « agricole », les visites à la ferme pour rapprocher les citadins de la source de leur alimentation et les y sensibiliser.

A Baugé-en-Anjou, le Conseil de développement a organisé un débat autour d’une dizaine de participants, le 8 mars. Les débats se sont centrés sur les banques alimentaires et les associations de dons alimentaires : leur fonctionnement actuel et passé, leurs projets et les améliorations nécessaires. Quelques propositions formulées  :

  • Mettre en place des cours de cuisine pour apprendre aux bénéficiaires à cuisiner avec des produits bruts et mettre dans les colis des fiches de recettes qui correspondent aux produits reçus.
  • Mettre des arbres fruitiers et des potagers dans les espaces verts à disposition de tous.
  • Mettre en place des « cafés suspendus » : pour l’achat d’un café le client a la possibilité d’en payer un deuxième qui sera donné à une personne dans le besoin. Le même principe pourrait être mis en place avec les restaurants : payer un repas supplémentaire qui sera donné à une personne dans le besoin.
  • Inciter les producteurs et artisans à faire des dons en les informant davantage sur la défiscalisation des dons et en mettant en place des tournées pour récupérer des produits locaux chez les producteurs et artisans.
  • Faire du glanage dans les champs sur autorisation du producteur ou sur les marchés.

Le Conseil de développement du Grand Annecy a organisé un débat avec des femmes concernées et engagées sur le terrain et dans les associations locales. Les échanges se sont orientés autour de 3 axes :

  • La rareté du foncier pour l’autonomie alimentaire sur le territoire du Grand Nancy
  • L’organisation d’une distribution directe et de qualité
  • L’éducation et l’accompagnement des publics précaires

Quelques propositions exprimées :

  • inciter l’engagement des collectivités locales et pouvoirs politiques pour préserver les terres agricoles
  • favoriser l’organisation en coopérative pour les jeunes agriculteurs
  • organiser des colocations de terrains agricoles
  • mettre en place d’un numéro « j’ai faim », pour répondre à des situations d’urgence.
  • mettre en place le système des « suspendus » chez les producteurs
  • multiplier les actions dans les écoles, en s’appuyant sur des associations partenaires, telles « Terres d’Union » (atelier fabrication, lecture des étiquettes) et proposer la Fresque de l’alimentation au collège et au lycée.
  • envisager l’aide alimentaire autrement : bons d’achat vers des commerces dédiés, éduquer à la gestion du budget par des CESF les familles au revenu modeste.

Les Conseils de développement de Bourges Plus et du PETR Centre-Cher ont organisé un débat en commun le 7 mars, autour de 3 axes :

  • La coordination animé par le CCAS de Bourges
  • La dignité et accès animé par le Secours catholique
  • L’approvisionnement – améliorer les filières (alimentation suffisante et de qualité) animé par la Banque alimentaire

Le Conseil de développement de Grand Paris Sud a organisé un débat le 17 février, réunissant une quinzaine de participants. Durant une heure trente, les participants ont d’abord individuellement, puis collectivement, pour proposer 17 contributions concrètes, parmi lesquelles :

  • afficher le coût des produits pour en comprendre les marges et les intermédiaires dans un objectif de réduire les coûts globaux des produits
  • permettre à tout citoyen d’accéder à un jardin potager
  • dans les quartiers populaires, créer de l’activité économique autour de l’alimentation, génératrice de richesse et permettant l’augmentation du pouvoir d’achat

Découvrir l’ensemble des propositions exprimées sur le site du Conseil de développement

D’autres Conseils de développement ont également organisé des débats, à l’instar du Conseil de développement du Val d’Ille d’Aubigné ou du Conseil de développement du Pays de Langres. Vous avez organisé un débat sur votre territoire ? Écrivez en commentaire les propositions exprimées et nous compléterons cet article !

Prochaines étapes

Les restitutions des débats sont en cours d’analyse par les membres du groupe de concertation du CNA et seront transmises au panel de citoyens qui se réunira au printemps 2022. L’avis final sera remis à l’automne 2022. 3 axes de travail ont déjà été identifiés :

  • Rendre plus facile l’accès à une alimentation durable et de qualité, c’est-à-dire dire favorable à la santé, respectueuse de l’environnement et du travail des personnes en les rémunérant à leur juste valeur ;
  • Améliorer ce qui est mis en place pour lutter contre la précarité alimentaire (aide alimentaire, épiceries sociales et solidaires, etc.);
  • Faire une liste des autres initiatives qui existent (jardins partagés, achats groupés, etc.).

Le sujet vous intéresse ? Nous proposerons prochainement une synthèse des propositions exprimées, pour alimenter la réflexion des conseils de développement qui s’intéressent aux question d’alimentation dans leur territoire.

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